Dans l’univers du rap français persiste un grand tabou, le recours au ghostwriting.
Les Ghostwriters sont des auteurs de l’ombre dont le nom n’est jamais cité écrivant les paroles d’artistes sans reconnaissance publique.
Bien que ce domaine soit enveloppé de mystère, quelques témoignages ont progressivement émergé au fil des années.
Fabb, ancien rappeur devenu auteur et topliner, a révélé une série impressionnante de collaborations avec des figures majeures telles que RK, Landy ou encore Vegedream. Selon lui, le secret entourant le ghostwriting dans le rap français contraste avec la culture américaine, où cette pratique est plus ouvertement acceptée. Cette réticence, affirme-t-il, découle du désir de préserver une image authentique et street cred.
Karmen, qui a également transitionné du statut d’artiste à celui d’auteur partage cette observation. Son travail avec des rappeurs comme Mister V l’a amené à créer des morceaux en accord avec l’identité de l’interprète.
Selon lui écrire pour d’autres artistes est une forme de collaboration artistique visant à atteindre l’excellence musicale. Le recours au ghostwriting ne reflète donc pas un manque de compétence de la part des rappeurs mais une quête constante de perfection.
Certains artistes comme Shay admettent en toute transparence avoir recours à des ghostwriters.
Cependant, malgré cette ouverture, la question de la reconnaissance des auteurs demeure problématique. Des initiatives telles que Sweetlife Publishing de Mourad tentent de remédier à ce problème en facilitant les collaborations et en veillant à ce que les auteurs reçoivent la reconnaissance qu’ils méritent.
Des lacunes administratives permettent de ne pas créditer les auteurs ghostwriters. Certains artistes profitent de leur statut pour obtenir une part disproportionnée des crédits, laissant parfois les ghostwriters dans l’ombre. Cependant, les progrès dans la reconnaissance du rôle des topliners laissent entrevoir un changement progressif dans la perception de cette pratique.
Dans cet écosystème musical en constante évolution, le ghostwriting reste un sujet complexe, combinant les exigences artistiques, la recherche de perfection et les enjeux de reconnaissance. Alors que le rap français continue d’évoluer, il est probable que cette pratique devienne de plus en plus intégrée au processus créatif, contribuant ainsi à l’émergence de nouveaux talents et à la diversité de la scène musicale.