Figure phare de la littérature française, Annie Ernaux brise les codes littéraires, se façonnant alors à style bien à elle.
Annie Ernaux
Née en 1940, Annie Ernaux grandie en Normandie à Yvetot où ses parents tiennent un café-épicerie. Professeure de français et écrivaine, elle reçoit le prix Nobel de littérature en 2022. Son œuvre littéraire redéfini complètement le genre de l’autobiographie, en apportant notamment une dimension sociologique.
Les Années
Publié en 2008, Les Années est l’assemblage de notes personnelles, d’archives et de recherches sociologiques. Cet ouvrage est le fruit d’un demi-siècle de réflexion, mêlant récit intime et mémoire collective. Chronologiquement, l’écrivaine partage des inventaires, des expressions populaires, des images ordinaires, des gestes familiers… Elle évoque un temps commun, en racontant la résonance des faits plus que les faits eux-mêmes.
Le récit est construit autour de photos la représentant enfant, adolescente puis adulte. écriture. Elle se décrit, en utilisant toujours la troisième personne du singulier. Annie Ernaux affirme « Je ne pratique pas l’écriture de soi », propos plutôt paradoxal. De fait, elle fait de son parcours la matière de son livre : sa mémoire et ses notes sont l’instrument de son Elle renouvelle l’écriture autobiographique de façon à mettre en avant la question de l’identité.
Ses autres ouvrages
Autrice d’une petite vingtaine de livres, Annie Ernaux a reçu le prix Renaudot (1984), le prix Marguerite-Duras (2008), le prix de la langue française (2008), le prix Marguerite Yourcenar (2017) et d’autres encore.
Ses œuvres principales sont Les Armoires vides (1974), relatant son avortement, La Place (1984), dans lequel elle consigne ses souvenirs d’enfance, La Honte (1997), qui dévoile son désir d’ascension sociale et la honte qui est associée à son milieu d’origine, Passion simple (1992), L’Occupation (2002)…
Imager les mots après l’écriture des images
Du 28 février au 26 mai 2024, la Maison européenne de la photographie (MEP), à Paris, présente une exposition de photographies, nommée Extérieurs et conçue avec Annie Ernaux et rendant hommage à son œuvre littéraire. La sélection de 150 tirages réalisés par 29 photographes, couvre la période de 1940 à 2010.
L’exposition associe des textes tirés du livre d’Annie Ernaux Journal du dehors (1993) à des œuvres de la collection de la MEP. L’exposition s’articule autour de thèmes centraux du livre : les rituels quotidiens de déplacement et de consommation, la performance de classe et de genre qui hiérarchise la société, mais aussi les sentiments de peur et de solitude que peuvent provoquer les villes modernes.
Dans cet ouvrage, l’écrivaine évoque la tentative d’écrire comme si elle faisait des images : « J’ai cherché à pratiquer une sorte d’écriture photographique du réel, dans laquelle les existences croisées conserveraient leur opacité et leur énigme. » Ses écrits sont affichés sur les murs, comme des tirages photographiques.