Un concert, 500 personnes, 500 téléphones portables en l’air. Capturer, filmer, enregistrer, chaque mouvement doit être stocké dans les galeries photos. C’est un réflexe, une nécessité.
Vivre en filmant et en photographiant chaque élément de son quotidien, n’est-ce pas passer à côté de celui-ci ? Est-il possible de profiter dans l’instant présent tout en restant derrière son écran ?
Vivre derrière un écran
Tout d’abord, il s’agit de distinguer derrière quel écran nous nous trouvons. Si c’est le téléphone portable, et c’est le cas la majorité du temps, les photos et les vidéos apparaissent directement dans la galerie. Il est alors possible de les poster en temps réel sur les réseaux sociaux. En revanche, si c’est un appareil photo numérique, il faut prendre le temps de transférer ce que l’on a capturé. Un appareil argentique allonge d’autant plus cette attente. On perd alors cette notion d’instantanéité et si l’on souhaite poster le contenu sur les réseaux sociaux, ce sera alors en décalé.
Une question d’intention
Ensuite, il convient de décrypter l’intention lorsque l’on filme ou photographie un moment, une scène, un mouvement. Premièrement, les réseaux sociaux. Pour la majorité d’entre nous, ils occupent une place importante dans notre quotidien. Comme expliqué précédemment, le téléphone portable permet de publier directement du contenu. Néanmoins, il est possible de filmer/photographier, que ce soit avec un appareil ou même un téléphone portable, puis de poster le contenu après l’évènement, afin de profiter du moment. Cependant, est-il possible de réellement profiter du moment si notre intention finale est de publier du contenu ? Car lorsque l’on capture un moment à travers un objectif, on va souvent avoir tendance à filmer/photographier en ayant en arrière-pensée la façon dont on va ensuite pouvoir le partager sur les réseaux sociaux. Impossible alors d’être entièrement dans le moment présent car on se projette dans le futur.
Heureusement, ce n’est pas une généralité. On peut filmer/photographier sans avoir aucune intention de publier cet instant sur les réseaux sociaux, que ce soit momentanément, ou après. Et si par la suite, quelques jours plus tard, on examine nos photos et qu’à ce moment là, et seulement à ce moment là, l’envie de les partager sur les réseaux sociaux survient, ce n’est un souci car on aura entièrement profité du moment lorsque l’on a pris ces photos.
Exercer ses sens
Néanmoins, l’intention de partager sur les réseaux sociaux n’est qu’une partie du questionnement. En effet, avoir un portable ou un appareil en main, que l’on dégaine à chaque instant, n’est-ce pas déjà passer à coté de l’instant présent ? C’est imposer un cadre réduit à son champs de vision, c’est voir le monde à travers un objectif. En se concentrant sur l’image, comment peut-on savourer pleinement le son, le toucher, les odeurs ? Un sens prédomine, celui de la vue. Il exclu alors les autres. L’expérience sensorielle est alors incomplète.
Cependant, prendre des photos ou des vidéos n’est pas forcément l’antagonisme de profiter du moment présent. Cela peut même être la clé. Se concentrer sur un détail, apercevoir des lignes dans le paysage, prêter attention à l’harmonie des couleurs… Photographier permet d’exercer son œil, que ce soit lorsque l’on a son appareil en main, mais également lorsqu’il est rangé au fond du sac. L’habitude est ancrée : voir des photos tout autour de nous, mêmes quand on ne peut/veut pas en prendre. L’œil en prend tout seul, tel un mécanisme roué à la recherche des détails et de l’angle parfait. Et c’est là que l’on savoure ce qui nous entoure.
Arrêt sur image
Si la manière de filmer, de photographier, de partager, de publier diverge selon les générations,
Les photos et les vidéos sont des possessions précieuses, témoins de moments uniques, souvenirs d’instants passés. Elles sont un moyen de ne pas oublier. C’est également une façon de chercher le beau partout, dans les journées les plus banales comme dans les lieux les plus incroyables.