Mathilde Douard « La nostalgie est une scélérate. Elle laisse croire que la vie a du sens. »
Résumé :
« Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence, et même le génie, c’est l’incompréhension. »
En juin 2021, un événement insensé bouleverse les vies de centaines d’hommes et de femmes, tous passagers d’un vol Paris – New York. Parmi eux : Blake, père de famille respectable et néanmoins tueur à gages ; Slimboy, pop star nigériane, las de vivre dans le mensonge ; Joanna, redoutable avocate rattrapée par ses failles ; ou encore Victor Miesel, écrivain confidentiel soudain devenu culte.
Tous croyaient avoir une vie secrète. Nul n’imaginait à quel point c’était vrai.
Avis :
Ce roman a reçu le Prix Goncourt en 2020.
Ce roman choral est totalement déjanté et atypique, à la frontière entre la dystopie et la métaphysique. Mais il est accessible à tous. Le cœur du roman est une succession de personnages, chaque chapitre revenant sur l’un d’eux. Nous avons là un tueur à gage, une avocate, un chanteur, un écrivain, etc. Chaque personnage est relié à un genre littéraire. A ce niveau-là, j’ai bien aimé ! Chaque personnage est vraiment différent et la construction est développée. Seul point commun entre tous les protagonistes : ils sont passagers du même avion. Sauf que cet avion va se poser deux fois, à trois mois d’intervalle, la première fois en mars, et la seconde en juin. Tous ces personnages auront donc un double, et là tout s’affole : qui est qui ? Chaque personnage original va rencontrer sa « copie », et la réflexion menée est intéressante : par exemple, celle d’une femme amoureuse d’un homme mais qu’elle doit partager avec une autre femme, qui n’est autre que son double.
A point de vue littéraire, rien à redire. L’auteur maîtrise à la perfection les genres , c’est une démonstration. Les réflexions métaphysiques et philosophiques sont intéressantes, le lecteur en ressort perclus de questions sur lui-même et sur la société. Il se demande ce qu’il aurait fait à la place des personnages. La plume est riche, grinçante, contrôlée.
Niveau ressenti, je n’ai pas réussi à m’attacher à tous les protagonistes car on passe très peu de temps avec chacun. Je n’ai donc éprouvé aucune émotion vis-à-vis d’eux, et je trouve cela vraiment dommage.
Dernier point, cette histoire m’a trop fait penser à des séries américaines que l’on peut trouver sur Netflix, mêlant le FBI, la science fiction et la philosophie.
Toutefois, le roman fait naître une grande question chez le lecteur : qu’aurions-nous fait à la place des personnages? Qu’aurions-nous fait face à notre double?
Recommandations :
Je vous conseille ces deux séries si vous avez aimé l’ambiance du livre.
